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Au comptoir de Chez Pol

Macron rattrapé par sa promesse de supprimer son régime spécial de retraite

Après avoir contribué à la création d'un référent déontologue à l'Elysée, Christine Pirès Beaune vient de faire adopter en commission des finances, un amendement portant pression du régime spécial de retraite du Président de la République.

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Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, à Villers-Cotterêts (Aisne) lundi 30 octobre. (Christian Hartmann/AFP)

Vieille promesse

Après avoir fait passer une réforme des retraites au forceps l’année dernière contre la majorité du pays, pas de raison qu’Emmanuel Macron échappe à la sienne. Un amendement déposé par la députée PS Christine Pirès-Beaune a ainsi été adopté hier en commission dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2024, afin de supprimer le régime spécial accordé en la matière aux anciens présidents de la République. A savoir : environ 5 500 euros de salaire brut mensuel, un siège au Conseil constitutionnel et des avantages en nature tels que sept collaborateurs permanents et deux agents de service. Macron s’était lui-même engagé à renoncer à sa retraite présidentielle en 2019, à l’époque où il tentait de faire passer sa réforme première version, avec le régime universel à point. Une déclaration qui reste toutefois pour l’instant sans base légale autre que la promesse élyséenne. Dès lors, comment l’exécutif pourrait-il justifier de faire sauter l’amendement au 49.3 ?

Les marcheurs veulent déjà revenir sur une de leurs lois de 2017

Avant, on appelait la macronie «le nouveau monde». Mais ça, c’était avant. A leur arrivée au pouvoir en 2017, les troupes du Président avaient un slogan : «Nouveaux visages, nouveaux usages.» Une des premières mesures des députés La République En Marche (appellation elle aussi révolue) avait ainsi été de supprimer la réserve parlementaire, une enveloppe d’un montant variable, qui permettait aux députés et sénateurs d’attribuer, selon leur bon vouloir, des subventions à des communes ou des associations de leur circonscription. Un fonctionnement critiqué pour ses dérives clientélistes.

 

Sauf que six ans plus tard, une proposition de loi transpartisane, portée par le député Renaissance Frédéric Descrozaille et signée par plus de 130 députés du RN, du Modem, ou de Liot, envisage de rétablir cette subvention pour aider au financement «de projets présentés par des associations ou des communes de moins de 18 000 habitants», selon le Monde. Dans une lettre ouverte aux présidents de l’Assemblée et du Sénat, 300 parlementaires demandent par ailleurs d’inscrire le sujet (apparemment selon eux prioritaire) à l’ordre du jour du Parlement, rapporte aussi Ouest-France. Ce n’est pas le seul sujet sur lequel la macronie envisage de rétropédaler – «un retour de balancier», euphémise Descrozaille. Une partie des élus de la majorité veut aussi revenir sur la loi de 2014 qui interdit le cumul des mandats de maire et de parlementaire. Toujours au nom d’une proximité perdue avec les territoires. Bref, la macronie trouve que c’était mieux avant.

Les ministres ne répondent pas assez aux députés

Comme promis, l’Assemblée vient de rendre public son outil de suivi des questions écrites adressées par les députés aux ministres (déjà 12 464 depuis les législatives 2022). Et c’est toujours aussi peu glorieux pour le gouvernement, puisque le taux de réponse globale n’est que de 59,89 %, dont seulement 21,31 % dans le délai imparti de deux mois. On tire tout de même notre chapeau au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qui affiche un très joli 80,53 % de réponse, dont 45,76 % dans les temps. La Justice ne respecte la deadline que dans 11 % des cas, mais les Armées font pire (5,88 %). Cet affichage public, accessible à tous sur le site du Palais-Bourbon, vise à améliorer ces chiffres. On peut toujours rêver.

Tanguy qualifie Véran de «péripatéticien d’opérette»

C’est par ce terme des plus agréables que Jean-Philippe Tanguy a qualifié Olivier Véran, lors des débats budgétaires en commission à l’Assemblée. Dans une vidéo diffusée hier, le numéro 2 du groupe RN au Palais-Bourbon défend ainsi «un amendement pour supprimer les crédits de 1,8 million d’euros qui sont consacrés au ministère – “fin si on peut appeler ça comme ça” – de monsieur Véran [porte-parole du gouvernement et chargé du Renouveau démocratique, ndlr], qui donc a une vision bien à lui de la philosophie péripatéticienne, puisqu’il pense qu’il suffit de se balader pour dire des choses intéressantes, ce qui n’est pas le cas». Classe. «Péripatéticien d’opérette», renchérit même Tanguy sur Twitter (renommé X), visiblement très fier de sa trouvaille digne du raffinement sémantique bien connu de l’extrême droite. Le député de la Somme reproche en fait à Véran ses déplacements dans des municipalités RN, où le ministre interrogerait la population pour «créer des problèmes». Surprenante accusation de la part d’un parti qui réclame des référendums à tout bout de champ pour redonner la parole aux Français.

 

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Publié le 31/10/2023 ∙ Média de publication : Libération